Mais avec l’émergence de la réalité virtuelle et des environnements immersifs, les règles du jeu ont changé.
L’apprenant devient acteur. Il explore, il tente, il se trompe – et surtout, il apprend en faisant. Dans ce nouveau cadre, le formateur ne peut plus se limiter à suivre un déroulé pédagogique. Il doit accompagner une expérience, orchestrer des interactions, faciliter la montée en compétences… autrement dit, changer de posture.
Cet article explore comment l’immersive learning bouscule les habitudes, et en quoi il ouvre la voie à une nouvelle figure centrale de la formation : le facilitateur d’expérience.
Pourquoi la posture du formateur doit-elle évoluer ?
L’immersive learning n’est pas une simple version numérique de la formation traditionnelle. C’est un changement de paradigme : on ne “montre” plus, on “fait vivre”. L’apprenant entre dans une situation réaliste, prend des décisions, en mesure les conséquences. Le savoir ne vient plus d’en haut, il émerge de l’expérience.
Dans ce contexte, le formateur ne peut plus se contenter de dérouler un PowerPoint ou de corriger des QCM. Il doit :
Préparer un environnement propice à l’expérimentation,
- Accompagner sans interrompre
- Créer les conditions d’un débriefing riche
- Aider à prendre du recul sur ce qui a été vécu.
Bref, il devient facilitateur d’apprentissage, garant du cadre, mais plus seul détenteur du savoir. Son rôle est moins de transmettre que de faire émerger les apprentissages, en guidant les réflexions individuelles et collectives.
Et c’est justement ce changement de posture qui donne tout son potentiel à la formation immersive.
Quelles compétences développer pour devenir facilitateur d’expérience ?
Passer du rôle de formateur à celui de facilitateur ne s’improvise pas. Cela demande de faire évoluer son positionnement, son langage, et parfois même sa manière de concevoir la formation. Voici les principales compétences à développer :
1. Maîtriser la scénarisation immersive
Un bon facilitateur doit comprendre les mécaniques d’une simulation immersive : quels objectifs pédagogiques servent tel scénario ? Comment rythmer une session ? Où positionner les points de décision ou de tension ?
Il ne crée pas le contenu seul, mais doit savoir collaborer avec les concepteurs pour garantir la cohérence entre expérience vécue et apprentissage visé.
2. Savoir guider sans diriger
Dans une simulation, l’apprenant doit rester acteur. Le rôle du facilitateur est de poser le cadre, de rassurer, de réorienter si besoin, mais sans court-circuiter le processus d’exploration. Cela demande finesse, écoute, et capacité à intervenir au bon moment, avec la bonne intensité.
3. Animer un débriefing structurant
C’est souvent dans le débriefing que se cristallisent les apprentissages. Le facilitateur doit être capable de mener une discussion réflexive, d’aider les apprenants à verbaliser ce qu’ils ont vécu, à comprendre leurs décisions, à identifier leurs axes de progrès. C’est une compétence clé, qui transforme une simple “expérience VR” en véritable levier de montée en compétences.
4. Adopter une posture de coach
Enfin, le facilitateur agit plus comme un coach que comme un professeur. Il accompagne l’apprenant dans son propre cheminement, favorise la confiance, et valorise les progrès, y compris les erreurs qui permettent d’apprendre. Cette posture exige bienveillance, patience, et intelligence émotionnelle.
Quels outils et approches pour soutenir ce changement de posture ?
Accompagner la transformation d’un formateur en facilitateur d’expérience ne se décrète pas. Cela nécessite un environnement favorable, des outils adaptés, et une stratégie d’accompagnement bien pensée.
Former les formateurs… à l’immersive learning
Avant d’animer une session en VR, encore faut-il comprendre ce qui la rend pédagogique. Des programmes de formation à l’usage de la VR doivent donc être proposés, incluant :
- La découverte des possibilités de la simulation immersive
- L’apprentissage des principes de facilitation,
- L’entraînement au débriefing structuré.
Ces formations doivent être centrées sur la pratique, dans un esprit “learning by doing” proche de ce que vivront leurs futurs apprenants.
Des outils pensés pour l’accompagnement
Un bon simulateur immersif ne se limite pas à une belle modélisation 3D. Il doit proposer des fonctionnalités conçues pour le formateur-facilitateur :
- Un mode observateur pour suivre les actions en temps réel
- Un tableau de bord pour visualiser les décisions prises
- La possibilité d’intervenir (ou non) dans la simulation
- Des ressources pour préparer le débriefing (fiches, journaux d’événements, replays…).
Ces outils permettent au facilitateur de personnaliser son accompagnement, d’adapter ses interventions, et de donner du sens à ce qui a été vécu.
Créer une culture de la co-construction
Enfin, ce changement de posture doit s’inscrire dans une culture collective. Les équipes pédagogiques doivent pouvoir expérimenter, tester, partager leurs retours. L’objectif n’est pas que chacun devienne un expert isolé, mais que la facilitation immersive devienne un réflexe collectif, au service de l’efficacité des formations
Vers une nouvelle vision du rôle pédagogique
La réalité virtuelle ne remplace pas les formateurs. Elle les pousse à évoluer. En les positionnant comme facilitateurs, elle recentre leur mission sur l’essentiel : créer les conditions de l’apprentissage.
Ce changement de paradigme est cohérent avec une transformation plus large de la formation professionnelle :
- Moins descendante
- Plus expérientielle
- Centrée sur l’apprenant
- Ancrée dans des situations concrètes.
Conclusion
La réalité virtuelle transforme la manière d’apprendre, mais elle transforme aussi la manière d’enseigner.
Passer d’un rôle de transmetteur à celui de facilitateur, c’est redonner au formateur un rôle central dans l’apprentissage par l’expérience.
C’est aussi une opportunité de renforcer l’impact pédagogique de la VR, en l’ancrant dans des pratiques humaines, réflexives et collectives.
Former des facilitateurs d’expérience, c’est finalement faire le pari que la technologie ne remplace pas l’humain… elle le rend encore plus essentiel.